Mais, après de nombreuses
fontes, Zhikharev trouva une plage de températures
très étroite, permettant de travailler
le bronze des cloches.
Remarquons, que le bila d’autrefois ne produisait
le son que durant la frappe.
Il fallait donc trouver la forme qui permettrait
de réunir ces sons dans un accord harmonique.
Pendant plus d’un an Zhikharev coupait, moulait,
repliait les plaques, consultait les sonneurs, les
musiciens, les spécialistes d’acoustique.
Petit à petit il finit par trouver les formes
les plus rationnelles - un rectangle régulier
et un trapèze symétrique. En même
temps il constata que n'importe quelle courbe, entailles,
trous, différentes épaisseurs des parois
enrichissaient le son, le rendant plus beau, plus riche
en harmoniques.
C’est ainsi que les bilas, malgré leur
simplicité extérieure, arrivaient enfin à sonner
comme de véritables cloches. Le son à plusieurs
tons « rentra » dans une plaque
d’à peine quelques kilogrammes. A titre
d’exemple, une plaque de 500 kg sonne comme une
cloche de 16 tonnes (!) et sa résonance peut
s’entendre jusqu’à 5 kilomètres.
Cette « nouvelle » cloche intéresse
très vite l’Eglise d’autant plus
que son coût de production est
30 fois moins onéreux que pour une cloche traditionnelle.
Le son mélodieux produit par les nouveaux
bilas ne cède en rien aux traditionnelles cloches
sphériques et concurrence même sérieusement
leur sonnerie. Il faut dire que le son du bila dure
plus longtemps que le son des cloches traditionnelles
et qu’on peut l’accorder facilement selon
le ton donné. Dans une composition définie
et en fonction de sa taille, le bila est un instrument
de musique original sans équivalent dans la
culture musicale aussi bien passée qu’actuelle.
Aujourd'hui, en Russie, l'art de la fonte des cloches
est encore loin de vivre sa renaissance, mais comme
les églises ne peuvent pas rester muettes, dans
certains villages, au lieu des cloches on utilise des
bidons de gaz découpés, des rails et
d’autres morceaux de fer qui permettent d’obtenir
un son. Les bilas ici sont d’une grande aide.
Aux anciens clochers qui ne peuvent plus soutenir de
grosses cloches ou les acquérir.
Mais en marge de son utilisation au sein de la liturgie
orthodoxe et de la musique traditionnelle,
le Bila se découvre ces derniers temps une nouvelle
vocation, la médecine.
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