Le bila, qui passa tout naturellement du paganisme à l'orthodoxie
au moment du baptême de la Russie au IX siècle,
resta en usage jusqu'au XV siècle. Cela était
dû, en particulier, au fait que pour le peuple
orthodoxe les cloches étaient des instruments étranges.
Le Saint Antoni, l’un des fondateurs du Monastère
Kievo-Petchersk qui, après son retour du Mont
Athos écrivit : «Les anges font frapper
les bilas, les latins font sonner les cloches».
Selon la tradition byzantine et le règlement
emprunté au monastère de Constantinople,
dans tous les monastères russes d’autrefois,
les coups portés sur le petit et le grand bila,
qui servaient à annoncer aux moines et aux croyants
le début et la fin de l’office, étaient
strictement réglementés. Néanmoins,
avec le temps, les Slaves orthodoxes commencèrent à s’intéresser
de plus en plus aux cloches et la première cloche
sonna à Kiev sur le clocher de l’église
de Sainte Irina (sa construction date de 1073).
En 1917, en Russie, il y avait plus d’un million
de cloches. Les maîtres russes avaient atteint
une haute maîtrise dans l’art de la sonnerie
des cloches et s’étaient rendus célèbres
dans le monde entier.
Au début des années 20 du XX siècle
les cloches des églises et leur sonneries furent
proclamées « l'ennemi le plus dangereux
du socialisme». Assimilant «la campagne
antireligieuse à la lutte pour les intérêts
essentiels des masses populaires», les bolcheviks
déclarèrent aux cloches une guerre sans
merci. Ce n’est pas un secret : le métal
coloré qui est l’un des composants des
cloches est une matière première précieuse
du point de vue stratégique. Et c'est bien pour
cette raison que la nouvelle Russie, pendant les premiers
plans quinquennaux, prit la décision de faire
fondre les cloches pour en extraire le métal
coloré.
Dans les années quatre-vingt du XX siècle,
pour ressusciter les traditions oubliées de
la cloche orthodoxe, on se souvint d’abord des
cloches sphériques, puis des cloches « plates » -
les bilas.
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